Vendredi 6 février 

Nous  commençons notre ascension avec entrain, mes chaussettes sont déchainées, elles se plissent le long de mes mollets( Leur instinct sauvage peut-être qui ressurgit  ?) 

Elles cherchent à glisser de ma jambe, comme pour s’échapper , je suis obligée de prendre des élastiques et les coincer contre ma peau.

Pour les divertir et les concentrer à nouveau sur notre mission , je me saisis de la tragique et non moins célèbre histoire de La chaussette de Lafayette ( The sock from Lafayette ).

Cette histoire est si triste, que je pleure à chaque fois, en résumé ; la scène se déroule sur l'Hermione,  sur la jambe gauche du marquis de La Fayette, elle  est uni au mollet, c'est un bas de soie cousu et brodé au fil d'or, vaillante et ambitieuse, elle rêve à sa célébrité.

A côté  d'elle, sa soeur, son double, son ombre,  équilibre  la démarche  du  Major général.

Elles sont fières sur le pont. Quand soudain, un clous ou un brin de ferraille, un objet métallique éventre la soeur, la tragédie  vide ses entrailles, des fils apparaissent, vacillants au vent, une chaine de coton  jaillit, l'armure cède, en quelque minute tout se découd.

On entend hurler la soeur, qui appelle à la résistance ,  à l'aiguille , mais aucune chose, aucun objet n'entendra l’écho  de sa détresse. C'est le début d'une errance, elle quitte le navire, termine sur une chaloupe, et sera cousu à un mouchoir, unique, seul et solitaire . 

Quand je termine l'histoire nous atteignons  la mésosphère, mes larmes gèlent. Mes pieds se laissent porter par l'énergie du désespoir. Je vais enfiler mon casque.

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