Au départ je voulais parler que des Actrices, des fourchettes célèbres.

Je voulais parler de celles qui jouent dans des films ou des romans.

Les fourchettes qui ont dansé dans la ruée vers l'Or ou qui ont transpercé  la main de Poil de carotte, celles qui ne se cachent pas  d'avoir le manche russe, ou qui se revendiquent arme de gourmandise, celles qui ont fait des cascades dans l'aile ou la cuisse.

Mais je ne souhaite pas ajouter du soleil en plein jour, elles n'ont pas besoin de mes lumières.

Elles mènent le monde sur leurs pointes.Je vis avec elles, dans le même range couvert depuis des années. Je les entends  se bousculer, s'asticoter, se vanter,  comme des danseuses derrière un rideau, dans leur petits espaces où elles emmêlent leurs dents, elles parlent très fort en Inox, je ne comprens pas tout mais c'est agité.

A notre balcon, on se tait, on est les petites cuillères à café. On nous sort, lorsqu'on invite. On brille à l'or fin pour faire tourner du sucre, rien de palpitant. On sommeille de petites conversations. L'autre jour, on a voulu s'échapper du tiroir, avec les autres petites cuillères à café, pour fuir l'ennui, pour montrer aux fourchettes qu'on était capable de sortir quand ce n'était pas l'heure, qu'on était aussi sur des régimes audacieux.A midi, le tiroir est resté ouvert, et on s'est tous précipité vers le dehors, vers le je ne sais où, on a glissé vers la liberté, et on s'est ratatiné au sol. Pas de blessés. Je voulais parler des fourchettes mais comme elles se sont bien moquées de nous. Je n'en parlerais  pas. 

 

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